Critique du livre Sapiens de Yuval Noah Harari

En 2011, Yuval Noah Harari, historien israélien, publia le livre Sapiens, qui deviendra rapidement un bestseller international. Ce livre a été traduit en anglais en 2014 et en français en 2015. La version française se serait vendue à plus de 650 000 exemplaires en France .

Même si Sapiens a été un succès populaire, il a déjà été critiqué par les universitaires . Après l’avoir lu, je peux en faire une critique constructive.

Premièrement, ce livre a l’immense mérite de diffuser à un grand nombre de personnes certaines idées-clés :

• L’homme est avant tout un animal (Homo Sapiens).
• L’importance de la révolution agricole et industrielle dans l’histoire du monde.
• L’importance du capitalisme comme moyen de concentrer et faire fructifier les capitaux.
• Le cerveau humain engendre une grande dépense d’énergie (25 %), soit environ trois fois plus que pour les autres grands singes (page19).
• La maitrise du feu il y a 300 000 ans et l’impact de la cuisson sur le cerveau.
• La présence d’ADN Néandertal dans l’ADN de l’Homo Sapiens.
• Nos cerveaux sont encore adaptés à la vie de chasseur-cueilleur.

Après les fleurs, voici le pot : Premièrement, ce livre n’apporte rien de nouveau.
La thèse principale de l’auteur porte sur la révolution cognitive qui serait survenue il y a environ 70 000 ans. C’est à cette époque que seraient apparues la culture et l’histoire. Sans trop d’explication, il fait l’hypothèse que selon : « la théorie la plus répandue, des mutations génétiques accidentelles changèrent le câblage interne du cerveau des homo sapiens, leur permettant de penser de façons sans précédent et de communiquer en employant des langages d’une toute nouvelle espèce » page 33. Cette révolution cognitive amène de nouvelles facultés de transmettre de grandes quantités d’information sur le monde, sur les relations sociales et sur des choses qui n’existent pas vraiment.

Cette révolution cognitive aurait permis aux Homo Sapiens d’acquérir la technologie, les compétences organisationnelles et peut-être la vision nécessaire pour sortir de l’Afrique. La supériorité cognitive des homo sapiens leur aurait permis de remplacer les Néandertaliens.
L’auteur parle de la révolution scientifique comme étant la troisième grande révolution après la révolution cognitive et la révolution agricole. Selon lui, les développements de l’histoire depuis 1500 s’expliquent parce que les Européens ont développé la science pour combler leur ignorance. C’est une explication réductrice. Il parle de la révolution scientifique au chapitre 14, mais du capitalisme qu’au chapitre 16. Il ne mentionne pas que c’est le capitalisme marchand développé par les Républiques italiennes au Moyen-Âge (Venise, Florence, Gênes) qui permit le développement de l’humanisme et des sciences.

Il définit la religion comme étant un système de normes et de valeurs humaines fondé sur la croyance en l’existence d’un ordre surhumain. Il inclut bouddhisme, communisme, humanisme, épicurisme et capitalisme dans les religions (chapitre 12). C’est une définition réductrice qui englobe toutes les religions, philosophies et organisations sociales dans le concept de religion.

Selon moi, le plus grand défaut de ce livre est qu’il ignore totalement l’importance de la technologie. En effet, la technologie définie comme étant la capacité planifiée de transformer la matière et l’énergie à des fins utilitaires, est avant tout ce qui distingue l’homme des autres animaux. Sans technologie, l’homme ne serait qu’une espèce de mammifère parmi tant d’autres. C’est ce que nous allons présenter lors de prochains articles.

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